top of page

Composer la musique d’un film : Un art original et complexe

Composer la musique pour un film représente un processus complexe, peu connu du grand public. Les musiciens doivent travailler en équipe avec le réalisateur et les autres membres de la production et créer des pièces mélodieuses et originales, tout en s’assurant que tous soient satisfait.es. Ce mois-ci, je me suis entretenu avec Louis Parent et Simon Demeule, qui ont créé, avec leur ami Théo Parent, la musique du film Les escaliers sont en papier d’Antoine Foley Dupont. Le film a entre autres été récompensé lors de la dernière édition du Festival Émergence de Montréal, mais rayonne également à l’international. Consultez notre entrevue avec le réalisateur publiée en avril dernier.


Artistes et amis de très longue date, Louis et Simon ont toujours eu une passion partagée pour les arts et la musique.


Louis détient un baccalauréat en production cinématographique à l’Université Concordia. Au fil des quelques dernières années, il a participé à plus d’une vingtaine de courts métrages, principalement comme compositeur, mais aussi dans une variété d'autres rôles liés au son et l'image.


De son côté, Simon termine sa maîtrise en intelligence artificielle au Mila. Son art explore surtout l'intersection entre arts et technologies. Iel détient également un baccalauréat en informatique appliquée aux arts numériques à l’Université Concordia.

À gauche : Louis Parent, membre du trio musical ayant composé et enregistré la musique de Les escaliers sont en papier. Source de la photo : Louis Parent, photographié par Simon Demeule. À droite : Simon Demeule, artiste interdisciplinaire membre du trio. Source de la photo : Simon Demeule, photographié par Louis Parent.

C’est donc pendant leurs baccalauréats respectifs qu’ils ont travaillés sur Les escaliers sont en papier, qui était leur première collaboration à plus grande échelle.


Un long travail qui en vaut la peine


Le temps de création d’une musique de film varie évidemment en fonction du projet. Dans ce cas, le processus créatif n'a pas suivi la division habituelle entre musique et design sonore — ces responsabilités sont couramment séparées entre plusieurs personnes. Louis a occupé tous les rôles liés au son sur ce film — de la prise de son sur plateau, à la conception sonore, à la composition musicale, au mixage. Le fait d'unir tous ces éléments au service de la même intention artistique a facilité la création d'un tout cohérent.


Dans ce processus, la création musicale et l’enregistrement initial se sont échelonnés sur environ un mois parsemé de séances en studio. Les dialogues et ambiances sonores ont alors été intégrés en un tout. Il y a ensuite eu une seconde phase de composition. Dans l’ensemble, avec les modifications au montage image du film, la réalisation du projet s'est déroulée sur plus de deux ans.


Dans le cas d’une plus grosse production, l'échéancier est plus serré,

en partie parce que l’équipe est plus grande : « Il y a au minimum quatre personnes à la postproduction sonore. Il va d’abord y avoir quelqu’un qui va monter les dialogues et s’assurer que tout soit synchronisé. Une personne fera aussi le montage ambiance-effets. Parfois, cette personne sera le.la concepteur.trice sonore. Puis, il y a le.la mixeur.se », explique Louis.

Bande-annonce de Les escaliers sont en papier d'Antoine Foley-Dupont, film pour lequel Simon et Louis ont composé et enregistré la musique.


Un processus de création idéal


Antoine, le réalisateur du film a été très ouvert à laisser la créativité des artistes prendre le dessus pour la composition de la musique de son projet. Louis ajoute : « Il nous a pratiquement laissé carte blanche. C’est vraiment rare qu’un réalisateur nous laisse autant de liberté. Il nous a seulement donné quelques références pour nous en inspirer. C’était comme un immense jam sur plusieurs semaines ». Les morceaux ont donc été créés un par un, au fil des séances d’improvisation, d’écoute du résultat et d’ajustement.


Le trio n'a pas une démarche musicale classique — elle est davantage électroacoustique, c'est-à-dire qu'elle s'intéresse au son comme une matière brute qui peut être manipulée et transformée musicalement. Et comme le mot électroacoustique le laisse entendre, les instruments qu'ils utilisent sont à la fois acoustiques — Louis à la batterie, Théo à la guitare, Simon au violoncelle et au piano — et à la fois électroniques — tous utilisent divers synthétiseurs et logiciels pour créer et transformer le son. Au final, le projet est le résultat d'une collaboration où tous ont contribué à la composition, la performance, l'enregistrement, et la manipulation de la trame sonore.


Un prix au deuxième plus grand festival de films étudiants au monde


Tout récemment, le trio a été récompensé à Cambridge en Angleterre au Watersprite Film Festival pour leur travail dans Les escaliers sont en papier. Ils ont remporté la catégorie Original film music award, qui décerne un prix aux compositeurs de la meilleure musique de film. Il s’agit du deuxième plus grand festival de films étudiants au monde.


Le trio s’est donc rendu sur place, au Royaume-Uni, afin d’aller assister à l’événement : « Ça a été un peu fou de se retrouver là. On a su à deux semaines du départ qu’on pourrait y assister en personne ! Ça a été une expérience vraiment chouette de côtoyer des artistes brillants venus de partout dans le monde. On a eu le temps d’apprendre à connaître les gens. Et en bonus, on a gagné ! », explique Simon.


Louis se dit frappé par un constat qui émane du festival: « On n’a pas assez souvent de catégories de son au Québec! Dans tous les événements, il y a très rarement de catégorie pour la conception sonore ou la musique originale. C’est désolant. Il y a souvent une catégorie pour le meilleur montage image ou pour la meilleure direction photo. Ce sont des arts super importants, mais le son aussi ! Un film avec du mauvais son, ce n’est pas viable… à moins que ce soit un film muet », dit-il en riant.


Pour l’avenir : De l’art, de l’art et de l’art !


Les deux amis espèrent bien sûr collaborer à nouveau dans le futur.


Louis souhaite continuer à développer sa démarche musicale et interdisciplinaire — il travaille actuellement sur un album, participe à divers projets cinématographiques, et explore les possibilités de la capture tridimensionnelle comme médium artistique.


Simon désire pour sa part redonner plus de place à l’art et la musique dans sa vie, après avoir consacré beaucoup d’énergie à acquérir des compétences dans le monde de l’intelligence artificielle. Iel désirerait justement pouvoir unir l’art et l'intelligence artificielle dans de nouveaux projets.


Pour ces deux artistes, l’éternel défi est de créer un contexte propice à l’art, tant en ce qui concerne le temps, l’accès aux moyens techniques, le financement, et l’état d’esprit.


//


N’hésitez pas à consulter le site personnel Simon, juste ici.



bottom of page